À l'occasion de la Semaine québécoise des personnes handicapées se déroulant chaque année du 1er au 7 juin, Tënk vous propose une programmation spéciale imaginée en partenariat avec la Chaire de recherche du Canada sur les médias, les handicaps et les (auto)représentations : Regards croisés sur le handicap et la famille : pour une nouvelle éthique documentaire.
Comme l'indique Mouloud Boukala, titulaire de la Chaire : « Au fil de l’histoire du cinéma documentaire, si plusieurs cinéastes se sont intéressé·e·s aux personnes de la diversité capacitaire […] plus rares sont celles et ceux à avoir filmé l’un des membres de leur parenté sourd, neurodivergent et/ou vivant avec un ou des handicaps. La question : "Comment filmer mon enfant ou un membre de ma famille en situation de handicap?" devient solidaire de "Que puis-je partager de leur vécu, de notre intimité tout en préservant leur dignité?" Filmer constitue alors une expérience vivante, humaine et dialogique qui noue l’esthétique à l’éthique. »
« Les films qui composent cette escale nous installent ici dans la familiarité de plusieurs familles et sont, chacun à leur manière, une démarche pour tisser de nouvelles relations – "apprivoiser" pour citer la réalisatrice Claire Doyon – ou préserver des liaisons avec sa parenté.
Les prises de son et les prises de vue se veulent souvent prises de soin, attention et souci du bien-être de l’être proche (Le frère). Filmer l’autre signifie dès lors apprendre à respecter son rythme, celui de jeunes enfants (Alphée des étoiles, Pénélope mon amour), d’un frère médicamenté (Les mondes de Vincent) ou d’un athlète de course à pied s’entraînant pour les Jeux mondiaux des Olympiques spéciaux (Champions). Plusieurs lignes directrices traversent ces films documentaires dont celle du corps (fragile, contraint, sculpté, entraîné, surpuissant, maladroit, dessiné, fatigué par la prise de médicaments, statique, en mouvement, victorieux), du temps (avant et après la maladie, celui de l’annonce et de l’acceptation ou non du diagnostic, d’un futur incertain ou au contraire désiré) et du refus de ne considérer un être humain que par sa maladie ou son handicap. »